Soutenance de thèse "Institutions et organisations de gouvernance de l'innovation variétale"

Anny Lucrèce Nlend Nkott a soutenu le 1er juillet sa thèse intitulée "Les institutions et organisations de gouvernance de l'innovation variétale : cas d'études à Madagascar et au Burkina Faso".

La soutenance a eu lieu à l'amphi 206 de Supagro Montpellier avec quelques personnes en présentiel selon le protocole sanitaire en vigueur et une retransmission streaming directe.

Résumé

Depuis la sédentarisation de l’agriculture, l’innovation variétale joue un rôle essentiel dans la transformation des systèmes agricoles et alimentaires. En Afrique, malgré les efforts consentis pour soutenir la révolution verte à partir de semences dites améliorées, ces dernières restent faiblement utilisées. L’objectif de cette thèse est d’analyser les mécanismes de gouvernance de l’innovation variétale en Afrique. En mobilisant un cadre d’analyse institutionnelle et évolutionniste, cette thèse questionne l’évolution et le rôle des institutions semencières, et la capacité à innover des organisations dans deux pays que sont Madagascar et Burkina Faso. La thèse mobilise une approche de recherche participative, structurée par des entretiens semi-directifs, l’organisation de forums multi-acteurs, et une enquête auprès de 148 agriculteurs.

Nos résultats montrent que les processus de création ou d’introduction de nouvelles variétés dépendent d’abord des capacités d’innovation des organisations des systèmes semenciers. Les défaillances de ces systèmes dans l’offre de semences aux agriculteurs, la non mise en application des protocoles de biosécurité, le faible contrôle de la qualité de semences, sont documentées. Elles sont autant de freins à l’adoption et l’usage de nouvelles variétés. Par ailleurs, la faiblesse des services intermédiaires (structures de vulgarisation, organisations de producteurs) limite l’accès à l’information par les agriculteurs sur de nouvelles variétés qui seraient disponibles. Nous démontrons ensuite que les trajectoires d’innovations variétales sont pilotées par des situations d’hybridation entre les systèmes semenciers officiel et non officiel. Ces situations sont impulsées par la société civile à travers des plaidoyers, la formation et l’information de la société, la création de catalogues provinciaux de semences paysannes, et la modification des lois liées à la commercialisation des semences. Au regard de ces analyses, nous proposons une gouvernance polycentrée des processus d’innovation variétale, qui reconsidèrerait les rôles respectifs de l’Etat, du marché et de la société civile. Cela permettrait de relier les enjeux d’augmentation de la production agricole, à ceux de justice sociale, préservation de la biodiversité, et souveraineté alimentaire.

Mots clés : Système semencier, Système d’innovation, Semence améliorée, Semence paysanne, Edition du génome, Afrique sub-Saharienne

Composition du jury

  • Valérie Angeon, INRAE, rapporteure
  • Armelle Mazé, INRAE, rapporteure
  • Jean-Marc Touzard, INRAE, examinateur
  • Blandine Laperche, Université du Littoral Côte d'Opale, examinatrice
  • Eveline Sawadogo Compaoré, INERA, examinatrice
  • Ludovic Temple, CIRAD, directeur de thèse

Published: 09/07/2021